La conférence s’est ouverte par l’allocution du Prof. Dr. Halit Eren, Directeur Général de l’IRCICA. Elle a été dirigée par le Prof. Dr. Aboubacar Abdullah Senghore, Directeur Général Adjoint de l’IRCICA. Le thème de la pandémie a été abordé partant de deux perspectives différentes : un aperçu de l’expérience historique de l’humanité sur le plan des épidémies, tracé par le Prof. Dr. Azmi Özcan, et une évaluation et estimation des conséquences économiques de la pandémie faites par le Prof. Dr. Sadık Ünay. La dernière demi-heure a été réservée à la discussion, où des questions ont été reçues de l’Arabie Saoudite, du Nigéria, du Tchad et du Tatarstan (Russie), enrichissant les propos de la conférence.
Le Prof. Dr. Halit Eren a ouvert la conférence en ligne par un aperçu des conséquences de la pandémie du Coronavirus observées au niveau des différents secteurs d’activités et des relations internationales. Concernant le domaine de la culture, le Prof. Eren a dit que c’était l’un des secteurs les plus sévèrement atteints par les retombées de la pandémie mais qu’en même temps, la culture avait acquis davantage d’importance fonctionnelle vu les vastes possibilités de contacts et d’échanges qu’elle présente. l’IRCICA, en tant que centre de l’OCI travaillant pour le développement des recherches et des connaissances culturelles et le renforcement de la coopération culturelle, a dirigé une partie non-négligeable de ses travaux vers des sujets qui seraient pertinents pour éclaircir des propos de cette crise et des défis qu’elle pose. Le Prof. Eren a dit que l’IRCICA est préoccupé par les effets de la pandémie surtout dans leurs diverses dimensions culturelles, académiques, artistiques, éducationnelles et sociales. En ouvrant des voies pour la coopération dans les recherches savantes et créant des plateformes d’échanges dans ces domaines, le Centre apporte sa contribution aux efforts internationaux visant à former une compréhension et une perception globale et humanitaire de la crise en puisant du stimulus de la culture pour renforcer l’entraide et la solidarité entre les différentes communautés culturelles et académiques et entre les peuples du monde. Le Directeur Général de l’IRCICA a aussi fait un résumé des diverses activités que le Centre réalise sous forme de conférences virtuelles.
Prof. Dr. Aboubacar Abdullah Senghore, spécialiste du Droit comparatif et diplomate, dirigeant cette conférence en ligne, a donné des explications sur son thème et sa structure. Il a attiré l’attention sur l’une des particularités de la crise du COVID-19 qui en aggrave les circonstances, à savoir le fait que ses causes, voies d’apparition et conséquences éventuelles sont sans précédents et inconnus. L’étendue géographique des pays membres de l’OCI en est sérieusement affectée dans sa plus grande partie, et l’ensemble du monde musulman et toute la communauté mondiale luttent contre cette crise.
Prof. Dr. Azmi Özcan, historien, spécialiste de l’histoire politique mondiale et de l’histoire de l’Asie, a indiqué que les épidémies avaient toujours profondément influencé les vies des peuples et parfois même modifié et réorienté le cours de l’histoire. Le Prof. Özcan a cité certaines épidémies majeures ayant joué un tel rôle dans l’histoire des pays et des religions. Il a donné des exemples des attitudes et réactions suscitées par les épidémies dans diverses sociétés, parmi elles, leur interprétation comme mauvais sort que la colère divine aurait imposé aux populations atteintes. Le fléau de peste qui commença en Europe en l’an 156 décima l’Empire romain. La Peste de Justinien ayant sévi à partir de 541 est dite avoir contribué à la dissolution de l’Empire byzantin à l’aube du Moyen Age. La Peste noire qui a éclaté en 1346 a coûté l’Europe presque la moitié de sa population. Elle a fourni des leçons très dures aux niveaux de la santé publique et l’hygiène. L’épidémie du choléra du milieu du 19e siècle et l’épidémie grippale de la fin du 19e siècle, se sont répandues outre-mer atteignant des taux extrêmes de mortalité. La grippe espagnole a frappé l’Europe et les continents voisins en 1918, pendant la Première guerre mondiale. La grippe asiatique du milieu du 20e siècle s’est répandue partant de la Chine. La Grippe de Hong Kong a causé presque 4 millions de morts en 1968. La pandémie du HIV qui a surgi en 1976 a tué 40 millions de personnes à travers le monde. Les expériences des épidémies passées peuvent préparer les esprits à ce à quoi on pourrait s’attendre. On pourrait en tirer des idées sur les effets possibles de diverses stratégies de lutte. La présente crise est définitivement susceptible elle aussi de changer les mentalités et modes de vie.
Prof. Dr. Sadık Ünay, spécialiste d’économie internationale, a parlé des effets économiques de la crise et sur le point de la gouvernance. Même la Grande Dépression de 1929 n’avait pas causé, il a dit, des urgences aussi graves et une halte totale des activités économiques comme l’a fait la présente crise de la pandémie. Afin de pourvoir aux besoins de leur population, les pays ont dû limiter leurs exportations de céréales et d‘autres denrées et biens essentiels. Un nouveau nationalisme économique a commencé, peut-on dire. Ainsi, l’une de ses conséquences est une hausse des tendances protectionnistes. En plus, plusieurs pays ont mis en œuvre des plans de relance fiscale pour stimuler leur économie. Donc, une nouvelle ère keynésienne débute, où les gouvernements interviennent par des mesures fiscales. Les taux d’inflation augmentent à cause de la hausse des coûts de production. Le chômage est en hausse partout dans le monde. Les pays en développement, parmi eux les pays de l’OCI, partis désavantageux, sont gravement atteints. Un autre problème, surtout après la pandémie, sera peut-être celui du commerce des vaccins. Bref, en ces temps difficiles, la coopération entre pays acquière davantage d’importance.
Prof. Senghore, conduisant les discussions, a dit que les populations entières son affectées par les conséquences de la pandémie tandis que le commerce, le tourisme et les industries ont cessé de fonctionner régulièrement. Il devient de plus en plus important de développer de claires visions des défis. Puis, il a donné la parole aux participants connectés en ligne dans divers pays, pour leurs questions et remarques. Les points marquants soulignés pendant les discussions :
- Les dimensions historiques comptent parce qu’elles aident à comprendre les problèmes dans leur fond et leur contenu
- Les dimensions culturelles comportent l’évaluation de l’expérience de la présente pandémie qui est tout à fait différente des précédentes en raison de la disponibilité des réseaux de communication électroniques qui permettent à tous de s’informer sur le train de la maladie et les moyens de prévention ; c’est pourquoi les partages et la coopération deviennent plus facilement réalisables
- Concernant la culture et les modes de vie, l’importance vitale de l’hygiène et du lavage, qui font partie du quotidien des musulmans, a été réaffirmée en cette période de maladie
- Divers scénarios optimistes et pessimistes sont suggérés concernant les tendances futures de l’économie mondiale ; ce qui est certain est que davantage d’efforts seront requis pour la coopération et de nouvelles formes d’aide entre pays seront mises en application
- Il est temps pour les pays et les peuples de laisser de côté les divergences politiques et de s’unir.
Dans ses remarques de clôture, le Directeur Général de l’IRCICA, Prof. Dr. Halit Eren, a remercié les participants s’étant connectés de divers pays. Il a annoncé que l’IRCICA continuera à tenir des forums en ligne traitant de sujets divers faisant partie des champs de ses travaux.