Abu-Bakr Effendi (m. 1880), un érudit religieux ottoman, fut nommé par le sultan Abdūlazīz au Cap (1278H/1862) sur demande, pour éclairer les musulmans d’Afrique australe sur les questions religieuses. Abu-Bakr Effendi n’a jamais quitté la région jusqu’à la fin de sa vie, sauf pour une visite à Istanbul, se consacrant entièrement aux besoins religieux et éducatifs de la communauté musulmane. Il a établi des écoles théologiques au Cap ; a enseigné le Coran aux jeunes et aux adultes avec son assistant Ömer Lütfi ; a donné des conférences sur l’exégèse coranique, la théologie et la jurisprudence, ainsi que des cours d’arabe et de turc. Il était tenu en grande estime par les musulmans en tant qu’érudit faisant autorité et consulté sur les questions religieuses. Ses conseils ont contribué à renforcer la solidarité communautaire des musulmans. Abu-Bakr Effendi a également contribué à enrichir la littérature religieuse accessible aux musulmans de la région. Le plus célèbre parmi ses huit ouvrages est Beyānū’d-dīn, un livre composé en arabe avec un résumé en afrikaans écrit en caractères arabes, qui est considéré comme un succès linguistique pour son époque. Des exemplaires de ce livre sont conservés dans les musées d’Afrique du Sud ; une partie de ses correspondances écrites est également accessible dans les archives.
Le Dr Shafiq Morton, un éminent éditeur et historien de l’Afrique australe, a écrit l’histoire intéressante d’Abu-Bakr Effendi sur la base de nombreuses sources originales, de récits personnels et d’une multitude de références bibliographiques. La première édition du précieux livre a été lancée conjointement par la Fondation Awqaf d’Afrique du Sud (Awqaf SA) et l’IRCICA lors du Symposium international sur « La civilisation islamique en Afrique australe : histoire, situation contemporaine et perspectives d’avenir, dédié aux leaders musulmans, dont Abu-Bakr Effendi et l’imam Abdullah Haron », organisé du 16 au 18 septembre 2022 au Cap. La deuxième édition contient la préface du professeur Mahmud Erol Kılıç et l’avant-propos du Dr Selim Argun, vice-président des affaires religieuses de Turquie. Elle représente une riche référence sur la vie et les activités du savant et sur l’histoire environnante de la communauté musulmane en Afrique du Sud au XIXe siècle.