Jérusalem/al-Qods est une ville unique considérée comme sacrée par les adhérents des trois religions abrahamiques : le Judaïsme, le Christianisme et l’Islam. Bien qu’elle soit révérée dans le cadre de ces trois systèmes de croyance à la fois, Jérusalem a vu sa plus longue période de paix et de stabilité sous les administrations musulmanes. Les états musulmans ont protégé le riche patrimoine civilisationnel et le caractère multiculturel de la ville en y établissant des fondations charitables (awqaf) dans des buts spécifiques variant de la préservation des monuments architecturaux à la provision de soutien social à la population. La position qu’occupe Jérusalem/al-Qods dans le cœur et l’esprit des croyants de toutes les religions a stimulé un trafic intense de pèlerinage et de visites personnelles à cette ville. Surtout l’introduction des chemins de fer, des bateaux à vapeur et du télégraphe ont augmenté les arrivées à Jérusalem au dernier quart du 19e siècle. Hommes d’état, fonctionnaires, voyageurs, pèlerins, auteurs, poètes, peintres et photographes, tous ceux qui ont visité cette ville ont tâché d’enregistrer son patrimoine civilisationnel d’une façon ou d’une autre par différents moyens et d’en acquérir un souvenir à emporter en partant. Parmi ces objets de souvenir il y avait des cartes postales, des albums de photographies, des affiches et des articles de nacre ou taillés dans du bois d’olivier par exemple, qui par la suite rappelaient les visiteurs de leur voyage et aidaient leurs proches à imaginer les scènes de leurs récits.
Dans ce contexte, l’avancée la plus importante s’est faite par le développement du savoir-faire en photographie. Avec l’augmentation de la qualité des photographies et des moyens d’accès à la ville, celle-ci est devenue une destination majeure pour les photographes du monde entier. Les sultans de l’état Ottoman ont encouragé et soutenu la formation d’archives photographiques prestigieuses concernant les villes sacrées comme La Mecque, Médine et al-Qods. En plus, les photographes et peintres ont produit de nombreuses cartes postales recélant les mémoires de ces villes à des milliers de kilomètres de loin. Avec le développement des services postaux, les cartes postales sont devenues populaires, en faisant de leur production une industrie profitable. Les milliers de cartes postales se rapportant aux villes saintes et aux lieux admirés forment un riche réservoir de connaissances au sujet de la vie culturelle, le changement social et les dynamiques anthropologiques. Parmi celles-ci, de vastes collections de cartes postales ont été composées par estime et en souvenir de Jérusalem. Elles étaient échangées entre les élites et entre la population, devenant ainsi à la fois des articles de souvenir.
Ainsi, les chercheurs s’intéressant à l’histoire de la ville et le changement social ont utilisé ces cartes postales, ainsi que les notes personnelles y inscrites, comme sources d’informations historiques. Les cartes postales captivent l’âme de l’histoire en gardant des instantanés d’événements, de monuments architecturaux, de quartiers, d’objets sacrés ou de haute valeur et de relations entre l’homme et l’espace. Les cartes, gravures, affiches et photos remplissent les mêmes fonctions comme objets de souvenir.
Cet album spécial publié par l’ircica jette de la lumière sur le précieux patrimoine de Jérusalem/al Qods à travers les reproductions des cartes postales, affiches et photographies. C’est un ajout important aux études de l’ircica sur al-Qods et Palestine. Il consiste en des articles choisis de la collection personnelle de M Murat Kargılı. Auparavant, l’ircica avait publié des albums contenant les photographies historiques d’al-Qods choisies des Archives de Yıldız (Al-Quds/Jerusalem in Historical Photographs, 2009 ; Jerusalem in Historical Photographs From Past to Present, 2015). Mais ce volume original basé sur la collection personnelle de M. Murat Kargılı et présenté avec des annotations représente la première publication du Centre à se focaliser sur les cartes postales et des objets thématiques. Les matériels présentés dans le volume sont d’une grande variété et comportent des informations cruciales sur l’histoire urbaine et sociale de Jérusalem/al-Qods.